Nichée au cœur de la campagne marocaine, à 30 minutes d’Essaouira, DDAR est une maison manifeste, posée sur un terrain de 10 hectares dominant un paysage agricole et vallonné. Conçue en étroite collaboration avec son commanditaire, collectionneur et mar chant d’art, elle conjugue architecture vernaculaire, bioclimatisme et design contemporain dans une approche profondément contextuelle et engagé.

À mi-chemin entre la résidence d’artistes et une maison de vie, DDAR abrite une précieuse collection d’art, de design et de livres rares témoignant des échanges culturels entre le Maroc et le reste du monde, du XXe siècle à nos jours. Le projet s’enracine dans la culture locale des Regraga, une tribu emblématique de la région. Chaque étape, de la conception à la réalisation, a mobilisé des artisans du territoire et des savoir-faire traditionnels : me nuiserie, terre crue, céramique… privilégiant ainsi les circuits courts et l’intelligence de la main.

L’architecture paysagère de DDAR s’inscrit dans la continuité des couleurs, des formes et des usages du lieu. Sa volumétrie évoque le Douar marocain, avec ses hauteurs variées, ses pleins et ses vides, dans une organisation fluide, sensible au vent, au soleil et aux vues. Les espaces de vie s’organisent autour d’un conversation pit creusé dans le salon, dominé par une cheminée suspendue. Le sol, les murs et les plafonds sont réalisés à la main en argile talochée, dans une matièreté sobre et organique qui fait dialoguer tradition et modernité.

Pensée comme un éco-système bioclimatique, la maison évite climatisation et chauffage grâce à une conception fine des flux d’air : ouvertures en hauteur, impostes, menuiseries sur-mesure en bois local, gestion naturelle de la lumière et des températures. L’électricité est produite par énergie solaire et éolien, l’eau est gérée avec rigueur dans ce contexte rural aride.

L’architecture d’intérieur suit cette même logique d’équilibre entre dépouillement et préci sion. L’intérieur, tout comme l’extérieur, est revêtu d’argile talochée aux tonalités neutres, donnant une continuité minérale et douce à l’ensemble. Les sols, murs et plafonds forment un écrin monochrome dans lequel le mobilier, les œuvres d’art et les objets artisanaux dialoguent sans hiérarchie.

Les matériaux sont choisis pour leur sobriété expressive : bois gougé, argile, pierre locale. Les menuiseries et portes, réalisées à moins de 2 km du site, prolongent le geste artisanal qui irrigue tout le projet. L’architecture devient surface d’exposition, au croisement du white cube et du refuge, permettant à chaque meuble, chaque objet, de raconter une histoire.

Plus qu’une maison, DDAR est un lieu de vie, de rencontre et de transmission, conçu pour accueillir des artistes, des penseurs et des voyageurs en quête de sens, dans un espace ancré, généreux et inspirant. Par son ancrage local, son exigence architecturale et sa di mension culturelle, elle incarne une vision singulière de l’habitat marocain contemporain, à la fois humble et engagé.

Source : Othmane Bengebara