Cet abat-jour a été commissionné par DDAR House dans le cadre de l’aménagement de cette maison galerie à Essaouira. Le projet a été initié par un voyage à la rencontre d’artisans de la région.

J’ai rencontré un artisan de céramique travaillant avec des techniques traditionnelles assez rudimentaire. Ce qui m’a impressionné, c’est sa démarche anthropologique. Il a étudié la composition des morceaux de céramique provenant d’amphores, que l’on peut trouver près des vestiges d’une ancienne usine de sucre datant des années 1500. Après avoir analysé les différentes terres composant ces morceaux, il a sourcé les carrières d’où ces terres provenaient pour reproduire cette recette de céramique très résistante.

Cet artisan travaille avec un tour à céramique manuel, creusé à l’intérieur d’une maison en pierre au milieu de la campagne. Pour la cuisson, il utilise un four traditionnel alimenté par du foin et de la bouse de vache. Pour pouvoir l’utiliser, il faut attendre que la météo soit clémente car le vent empêche le bon fonctionnement, la cuisson prend environ 2 jours mais il faut parfois attendre plusieurs semaine pour que la cuisson se fasse dans de bonne condition.

Pour habiller le grand espace sous plafond de la maison DDAR, j’ai dessiné ces abats jours géants, dont les dimensions poussent l’outillage de l’artisan au maximum de ces capacités.

La forme reprend celle du petit tambour du Tam-Tam marocain (Tbilat) et le système de suspension en corde nouée s’inspire de la technique qui vient tendre le cuir de chèvre sur le Tam-Tam.

Le nom Batma est une référence au défunt chanteur de Nass El Ghiwane, Laarbi Batma, grand joueur de Tbilat. C’est un clin d’oeil à l’héritage culturel que mon père et mes oncles m’ont transmis.

Source : Sammy Bernoussi