Rencontre avec Lamia Benhida

Nominée aux Moroccan Interior Design Awards 2025, Lamia Benhida signe avec Villa H une métamorphose délicate : celle d’une villa des années 70 devenue l’écrin d’une nouvelle agence. Dans ce projet où chaque espace raconte une intention, elle revendique un « office design » décomplexé des codes austères d’hier : un lieu où l’on travaille comme on respire, avec confort, liberté et créativité. Lumière naturelle généreuse, matières qui captent doucement les reflets, palette rétro 70s glissée sur un socle de teintes marocaines… Lamia façonne une atmosphère où l’émotion devient un outil de conception à part entière.

Fil rouge du projet et clin d’œil poétique au logo de l’agence, une ligne vibrante traverse l’espace comme un ruban narratif, dans l’escalier, sur la table de réunion ; reliant cette façon singulière, usages, couleurs et intentions. Avec Villa H, Lamia signe une harmonisation subtile entre mémoire, scénarios de vie et cohérence chromatique, et confie, avec émotion, la joie de voir son premier projet casablancais célébré aux MIDA : une étape précieuse dans un parcours qu’elle façonne avec détermination et gratitude.

MIDA // À travers Villa H, vous avez redonné vie à une villa des années 70 pour accueillir un espace de travail contemporain. Quelle part d’émotion et de réflexion a guidé vos choix en intervenant dans un lieu chargé d’histoire ?

Lama Benhida : J’étais portée par la volonté de l’agence de créer un lieu avec une empreinte unique qui saurait transcrire l’esprit jeune, dynamique et éclectique de ce groupe, qui se tourne à la fois vers l’Europe et les États Unis avec comme clients des entreprises qui rayonnent à l’international, mais aussi une vraie envie de de distiller et ancrer une identité et un savoir-faire marocain, qui s’ouvre également sur le continent africain.

MIDA // L’espace de travail d’aujourd’hui ne se limite plus à la fonctionnalité : il doit inspirer, fédérer et raconter une histoire. À votre avis, comment offrir aux collaborateurs une atmosphère de bien-être à travers le design d’intérieur ?

L.B : Le « office design » s’est complètement métamorphosé et offre aujourd’hui une immense flexibilité autour de la manière même d’investir ses espaces mais aussi en terme de design et décoration, et la notion de corporate officielle un peu austère et poussière à totalement disparu de ces espaces. La fonction et l’esthétique se fondent désormais, à toutes les échelles d’une même boîte on va retrouver cette même envie, celle d’arriver sur un lieu de travail sur lequel on se sent libres, créatifs et confortable. La notion de home feel est devenue primordiale et elle se décline dans plusieurs standing, plusieurs style, de travaille par le biais de scénographies lumineuses recherchées et de mobilier bien étudié, tant sur l’esthétique que le confort.

MIDA // On perçoit dans votre projet un soin particulier apporté à la lumière, aux textures et aux teintes chaudes. Comment ces éléments traduisent-ils votre vision de l’harmonie entre esthétique et usage ?

L.B : La lumière c’est une clé de voûte dans un projet, j’aime penser un espace sous plusieurs angles et imaginer plusieurs scénarios, à plusieurs moments de la journée. J’imagine le créatif ou le directeur qui se retrouve à travailler tard un soir pour un rush, seul à son bureau, musique, inspiration une belle lampe sur le bureau.

J’essaie d’exploiter la lumière naturelle au maximum en faisant entrer le plus de lumière possible, et pourquoi pas en essayant d’amener encore plus de relief en jouant sur des matériaux qui accrochent doucement comme le zellige que j’affectionne particulièrement.

Pour les palettes de couleurs, c’est le brief du projet qui m’inspire, je cherche de la cohérence dans les couleurs que j’utilise, par exemple la moquette vieux rosé de la salle de réunion qui puise son inspiration dans le rouge Marrakech, associé au vert olive et carrelage texturé, clin d’œil à une identité que l’agence apprécie.

Sur cette palette plutôt profonde, j’y ai superposé une palette définitivement rétro 70s inspirée des codes de branding de l’époque.

Il fallait trouver un équilibre entre plusieurs références à laquelle l’agence tenaient et qui venaient un peu se bousculer les unes aux autres.

MIDA // Un fil rouge, à la fois chromatique et conceptuel, structure l’ensemble du projet. Quelle est l’origine de cette couleur et comment a-t-elle orienté votre conception spatiale ?

L.B : Tout simplement la couleur du logo de l’agence, je l’ai trouvé vraiment vibrant, intéressant, totalement hors scope par rapport à ma palette chromatique de prédilection, alors j’ai voulu me challenger et jouer avec.

J’adore la théorie japonaise du fil rouge, c’était l’occasion pour moi de faire un peu de poésie j’ai décidé d’en faire un ruban qui tourne dans l’escalier et qu’on retrouve en ligne sur la table de réunion faites sur mesure, 2 endroits stratégiques de l’agence.

MIDA // Enfin, avez-vous retenu une émotion ou une leçon de cette expérience des MIDA ?

L.B : Oui ! Je ne m’y attendais pas du tout !

J’étais heureuse, honorée et puis émue finalement de réaliser que mon premier projet casablancais soit représenté aux côtés d’autres superbes projets et talents toutes catégories confondues.

C’est une fierté de voir que la scène de l’architecture d’intérieur marocaine vibrer d’autant de créativité.

C’est une belle milestone sur mon parcours et j’en suis très reconnaissante.